Naissance du calendrier julien
Le 1er janvier de l'an 708 de la fondation de Rome (l'an 45 avant Jésus-Christ) entre en vigueur à Rome un nouveau calendrier conçu sous l'égide de Jules César.
Ce calendrier a été employé sans modification pendant près de deux millénaires et c'est une version à peine modifiée en 1582 par le pape Grégoire XIII qui s'est aujourd'hui imposée sur toute la planète.
La lune défaite par le Soleil
Aux premiers temps de Rome, la mesure du temps se fondait sur les cycles de la lune (celle-ci tourne autour de la Terre en 29 jours et demi environ).
L'année comportait 304 jours répartis en dix mois inégaux de 30 ou 31 jours (Martius, Aprilis, Maius, Junius, Quintilis, Sextilis, September, October, November, December).
Il s'y ajoutait deux mois, Januarius et Februarius, de façon que l'année coïncide avec la rotation de la Terre autour du Soleil et respecte le rythme des saisons.
Pour les Romains, peuple de pasteurs et d'agriculteurs à l'esprit pratique, il était en effet essentiel que les travaux agricoles (labours, semailles, moissons,...) reviennent toujours aux mêmes dates
Plusieurs mois étaient dédiés aux dieux :
- le premier au dieu de la guerre, Mars;
- le troisième à Maïa, une amante de Jupiter (les chrétiens ont plus tard dédié ce mois (mai) à la Vierge Marie);
- le quatrième (juin) à Junon, épouse de Jupiter (à moins que ce ne fut à Junius Brutus, l'un des fondateurs de la République romaine);
- le onzième (janvier) à Janus, un dieu à double face;
- le dernier mois (février) était le mois des morts; il était consacré à des purifications et réputé néfaste.
Jusqu'en 153 avant JC, l'année débutait donc le 1er mars, d'où les noms de septembre, octobre, novembre et décembre que portent encore les anciens mois de rang 7, 8, 9 et 10.
Trois jours importants rythmaient les mois : les Calendes (1er jour), les Nones (le 5e ou le 7e) et les Ides (le 13e ou le 15e).
Il était habituel aux Romains de payer les intérêts de leurs dettes le premier jour de chaque mois. C'est ainsi que, de ce jour appelé Calendes, nous est venu le mot «calendrier». Ce mot a d'abord désigné le registre où étaient inscrits les comptes puis la mesure du temps elle-même.
Malgré les deux mois complémentaires de janvier et février, l'année calendaire dérivait par rapport au cycle solaire et les Pontifes, qui réglaient à Rome les affaires religieuses, devaient affiner le calendrier en ajoutant tous les deux ans quelques jours supplémentaires. Ils usaient de ce privilège en fonction de leurs intérêts, pour allonger ou raccourcir le mandat des consuls, ces derniers étant élus pour une année non renouvelable.
En 46 avant JC, Jules César décida d'en finir avec les fantaisies pontificales. Il introduisit un judicieux calendrier mis au point par l'astronome Sosigène d'Alexandrie.
Le maître de Rome imposa une année de 365 jours divisée en 12 mois de longueur inégale et la fit débuter le 1er janvier.
Pour réduire l'écart entre l'année calendaire et la rotation de la Terre autour du soleil, on convint d'ajouter un jour au calendrier une fois tous les quatre ans.
Ce 366e jour fut introduit après le 24 février. Comme les Romains désignaient les jours ordinaires d'après le jour important qui les suivait, ce jour était désigné par l'expression : sexto ante calendas martii (sixième jour avant les calendes de mars). Le 366e jour fut en conséquence appelé bis sexto ante... D'où le nom de bissextile qui est encore donné aux années correspondantes !
La mise en place du nouveau calendrier, le 1er janvier de l'an 708 de la fondation de Rome (l'an 45 avant Jésus-Christ), fut précédée par une «année de confusion» de 445 jours ! Il s'agissait de réaligner une bonne fois pour toutes le début de l'année sur l'équinoxe de printemps.
Auguste ne vaut pas moins que Jules
Sur une proposition du Sénat de Rome, le cinquième mois de l'année (Quintilis) fut renommé Julius (le nom s'est transformé en juillet dans notre langue) pour remercier Jules César d'avoir réformé le calendrier.
Plus tard, son successeur Auguste remit la réforme sur les rails. Il supprima les années bissextiles sur une période de 12 ans pour gommer un léger décalage entre le calendrier de son prédécesseur et le cycle solaire.
Flatteur, le Sénat décida en conséquence de donner son nom au sixième mois de l'année (Augustus, qui devint août en français)...
Mais dans le calendrier initial, ce mois avait 30 jours contre 31 pour Julius !
Afin de mettre César et Auguste sur un pied d'égalité, on enleva donc un jour à février pour le donner au mois d'août,... et l'on attribua 30 jours au lieu de 31 aux mois de septembre (le septième mois dans l'ancien calendrier romain) et de novembre, ainsi que 31 jours au lieu de 30 aux mois d'octobre et de décembre.
Le calendrier julien domina l'Occident pendant 16 siècles jusqu'à la réforme du pape Grégoire XIII.